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La vie en rose d'Essa
16 août 2011

Une femme amoureuse

27/08/2011

Dans ma vie de nouvelle célibataire, fraîchement divorcée, et après avoir traversé un mariage vide d’amour et de sens, je n’ai pas imaginé un instant que mon premier coup de foudre serait pour un homme marié! Je me suis toujours dit que ce genre d’histoires n’étaient pas pour moi, qu’il me serait impossible de gérer le rôle de la femme cachée, la culpabilité qui va avec, la place de celle qui attend.
J’ai contrôlé énormément mes émotions pendant mes dix ans de mariage. Je les ai niées en osant imaginer que l'amour viendrait avec le temps. Je les ai ensuite fait taire en les mettant sous une chape de plomb pour parvenir à avancer quand même. Je leur ai fait violence en osant imaginer que l’amour se commande, qu’on peut construire une relation sans sentiment, que la raison aura raison. J’étais folle, j’étais stupide. J’ai vendu mon âme au diable pour un destin que je voulais contrôler. Mais les émotions sont fortes et les miennes ont parlé de diverses manières mais d'abord par le corps. J'ai somatisé le rejet de mon mari par tous les pores de ma peau en faisant des eczémas et cette sinusite chronique qui ne voulait pas me lâcher. Normal, je ne savais pas le sentir, je ne savais pas nous respirer!
Je l'ai quitté et tout le monde m'a dit: "quel courage". Mais non, j'ai juste sauvé ma peau! Aucun acte de bravoure là-dedans. Il fallait que je me retrouve, que je me récupère, que je résiste à cette inertie morbide qu'était ma vie à ce moment là. Et puis j'étais terrorisée de donner ce couple là en exemple à mes enfants. Cette idée me hantait la nuit. Si je pouvais me mentir à moi-même, aux autres, j'étais absolument et viscéralement incapable de mentir à Ava et Saul. C'était au-dessus de mes forces de salir la pureté de leur âme, la transparence de leurs yeux, leur merveilleuse  confiance en la vie avec notre simulacre d'amour. Non, ce n'était pas ça un couple, non, ce n'était pas ça l'amour mes chéris. Ce n'est pas cette vie là que je vous donne à voir et à contempler, que je vous offre en modèle. L'amour mes amours n'a rien à voir avec cette chose molle, fade, triste, stérile, creuse, vide qu'est la relation que j'ai maintenant avec votre père. L'amour mes bébés ne fait pas mal. Ne dévalorise pas. Ne nie pas. Ne blesse pas. Mais même si la joie et le désir ont quitté notre couple pour toujours, mes trésors, joie et désir étaient là, suffisamment en tout cas pour que vous soyez nés.
Je sais aujourd'hui ce que cette traversée du désert le plus aride du monde, le désert de l'âme, m'a donné: la valeur d'être qui l'on est! Et la première de mes définitions, l'essence de mon être, le la de ma gamme, c'est d'être une femme amoureuse. Comme la chanson de Barbara Streisand: "woman in love". I am a woman in love! Et je veux l'être. Sans conditions. Follement, passionnément, intensément. Je ne passerai plus une minute de ma vie sans amour. Je ne ferais plus aucun compromis sur mes désirs. Je veux consacrer ma vie à cette quête, cet idéal, ce graal qu’est le grand amour. Ou les grands amours. Car je ne crois pas que nous n’ayons qu’une seule et unique âme soeur sur terre. J’en ai rencontré une à 22 ans. Patrick, un Iranien que j’ai aimé de toute mon âme, de tout mon corps. J’ai mis très longtemps à l’oublier sans l’oublier vraiment. Pendant mon mariage par exemple, j’ai souvent pensé à lui. Rêvé de lui. Fait l’amour avec lui au court de mes nuits solitaires. Je sais qu’on aime ses âmes soeurs toute la vie. Il est impossible de renoncer à ce genre d’amour. On ne se lasse pas du magique qu’est l’amour sans conditions.
Cela faisait un an que j’étais séparée et c’est vrai qu’il m’a fallu tout ce temps pour sortir la tête de l’eau! En proie à la haine que je ressentais pour mon mari et surtout pour moi-même, cette relation m’ayant laissé sur les genoux, je n’avais pas vu que déjà un an avait passé et puis comment peut-on se voir désirable et désirante quand on a passé dix ans de sa vie avec quelqu’un qui ne vous aimait pas, que vous n’aimiez pas plus? Ce que vous renvoie le miroir est d’une totale violence. J’étais une femme stérile, une femme morte. Je ne sais pas par quel miracle une lumière subsistait en moi que cette vie là n’a jamais pu détruire. Cette lumière bien cachée au fond du torrent de larmes que j’ai versées, de la spirale de haine dans laquelle je m’étais évaporée a resurgi après ma séparation pour devenir de plus en plus forte au cours des mois qui passaient et c’est tel un soleil aveuglant que je suis sortie pour la première fois prendre l'apéro avec deux amis cet été. Les enfants étaient partis la veille pour 15 jours de vacances avec leur père. Je me sentais bien. Je me sentais vivante. Je me sentais belle. Je m’étais sortie de cet enfer et j’étais décidée à prendre tout ce que la vie avait à m'offrir. Et la vie est ainsi faite que lorsqu’on décide de se laisser surprendre, elle vous surprend! Lorsque qu’on désire se laisser porter au gré de ses envies, de ses rencontres, de ses amours, elle vous envoie de beaux cadeaux et le destin s’en mêle.
J’étais donc accompagnée de mon amie Alexandra, une belle belgo tunisienne de plus de 40 ans (elle refuse de dire son âge exact et reste "coincée" sur 38 ans) que j’ai retrouvé cette année après l’avoir perdu de vue pendant quinze ans. Et de mon ami Didier que je connais depuis mon adolescence et qui était lui aussi récemment séparé. Il faisait beau, doux ce mercredi du mois d’août et la place du marché du Châtelain était bondé de monde. Tous les bars et petits restaurants aux alentours avaient sortis leur terrasse et les gens débordaient franchement des trottoirs. Nous venions d’arriver. Je portais un marcel noir légèrement transparent, un pantalon sarouel imprimé africain en soie, mes sandales Sergio Rossi en daim vert anis et une petite veste en cuir noir très cintré. Ah oui, j’ai oublié de vous dire que je suis une vraie fille, du genre victime de tous les attributs offerts aux femmes pour se faire belle! Mes cheveux étaient longs et je les avaient bouclés légèrement, mon maquillage était discret, je n’avais jamais été aussi mince, mes kilos d’ennui envolés, j'étais juste bien, juste prête. Waouw, c’est bon de se sentir l’âme conquérante car vous savez que vous avez touché le fond de la piscine et que vous ne pouvez plus que remonter. Le meilleur vient à vous quand vous décidez que tout est possible, que la vie ne se fera pas sans vous. L’ironie du sort c’est que c’est sur cette même place, dix ans plus tôt, en été aussi, que j’avais rencontré mon mari. Un clin d’oeil du destin. Comment vous dire ce que j’ai ressenti quand j’ai vu Nicolas pour la première fois, c’est tellement étrange, il n’y a pas de mots pour expliquer un coup de foudre si ce n’est un arrêt sur image. Je revenais de la banque où j’avais pris du cash pour la soirée et laissant Didier derrière moi encore à la machine, je revenais vers Alexandra que j’avais aperçue au loin entrain de discuter avec deux hommes. Je l’ai entendue dire: “Voilà mon amie qui arrive” et j’ai vue les deux hommes se retourner vers moi. Pour ma part, je n’en ai vu qu’un. Et même s’il était à une vingtaine de pas de moi, même si je ne distinguais pas ces traits de visage, même si je n’aperçus qu’une silhouette, une présence, une attitude, j'ai eu tout de suite le ventre retourné.
J’arrive finalement jusqu’à eux et Alexandra me présente. Nicolas bonsoir, Philippe Bonsoir. Il me tend sa joue mal rasée. Se dérobe à mon regard. Je n’ai pas eu le contact visuel. Juste un truc qui passe, qui plane, une énergie, une électricité ou la reconnaissance silencieuse de deux âmes qui se trouvent. Je suis nerveuse. Mal à l’aise. Pas sûre de moi comme je peux le paraître souvent derrière mon physique de grande blonde un peu froide, un peu distante. Les copains d’Alexandra aussi apparemment. Un truc s'est produit mais on ne sait pas quoi en faire. Bref, l’éloignement s’impose. La rencontre fut brève! On s’en va vers un autre bar avec Alexandra et Didier. Je n’ai qu’un vague souvenir de ce moment. C’est très flou. Comme irréel. J’ai tout de suite fait part à Alexandra de mes émotions. J’étais surexcitée. Elle était dans le même état. Nicolas lui avait tapé dans l’oeil aussi. On a rigolé. Et il se trouve que l’autre mec, Philippe, est un ex d'Alex. Elle est sortie avec lui il y a quelques mois mais cela n'avait pas marché, le mec était vide. On a donc passé un long moment dans un autre bar mais je gardais Nicolas dans un coin de ma tête. Au bout d’une heure, je dis à Alexandra, on y retourne! Ils étaient toujours là mais une copine leur tenait compagnie et parlait avec Nicolas. Philippe parle au téléphone et n’est pas disponible. Je décide de ne pas attendre bêtement que la situation se débloque et prends Didier dans le bar juste en face pour aller chercher un verre alors qu’Alex reste sur place.
Après avoir pris nos verres de vins blancs, on revient et Alexandra me dit qu’elle est crevée, qu’elle rentre, je lui dis pas question qu’elle me laisse comme ça et là-dessus, elle m’avoue qu’elle a dit à Nicolas qu’il me plaisait! Je la regarde interloquée.
Mais non, t’as pas fait ça Alex? On est plus en primaire, maintenant j’oserais plus aller lui parler et lui non plus d’ailleurs! J’étais moitié amusée, moitié fâchée. Je croyais que c’était mort. Alex partie, Didier et moi on reste pas loin d’eux, ça fait con mais bon, je veux lui parler à tout prix ou plutôt qu’il vienne me parler parce que moi j’oserais jamais.
Ah mais qu’est-ce qui lui a pris à Alex? Avec tout ça, une fille que je ne connais pas vient aborder Didier et l’accapare pour me laisser toute seule contre une voiture à boire mon verre complètement dépitée. Nicolas ne vient toujours pas m’aborder. C’est foutu. Merci Alex! Je reste quelques minutes à attendre bêtement mais rien. Enfin si Didier a fini sa discussion. Il me rejoint, on parle deux minutes quand finalement Nicolas passe devant nous deux verres de vins à la main en me regardant avec insistance. Bon, je ne lui suis pas indifférente. C’est déjà ça. Je n’étais pas préparée à recevoir un rateau intégral. Mais bon toujours pas d’abordage en vue alors j’emmène Didier juste en face manger un bout. On reste là une bonne demi-heure. Sur la fin, je regarde mon portable presque machinalement sans aucune arrière pensée, le Nicolas m’avait envoyé un sms! Il avait réussi à avoir mon numéro de téléphone, la belle surprise!
Le sms disait: “ Bon, je m’appelle Nicolas et je suis sous le charme:-)
Finalement, Didier et moi restons dans le coin et prenons un verre au Hasard des choses, un chouette petit bar qui sert des mojitos d’enfer et qui distille une musique de qualité.
Je suis en effeverscence. Bizarrement, je fais abstraction de sa demande de discrétion. Il faut dire que je suis déjà passablement alcoolisée. Et qu’à ce stade, les émotions prennent le pas sur la réflexion. Il me renvoie un sms pour savoir où nous sommes. Il est là 10 minutes plus tard. Il est vraiment à tomber ce Nicolas! Tout à fait mon genre d’hommes. Je n’ai pas eu envie d’embrasser et de toucher un homme depuis combien d’années maintenant? Mon ex mari ne m’a pas donné envie de lui sauter dessus comme ça, c’est sûr, donc ça remonte à avant lui, soit plus de dix ans que je n’ai pas eu envie d’arracher les vêtements d’un parfait inconnu! C’est merveilleux! Et ça m’arrive ce soir. C’est le portrait de Laurent Delahousse en brun. Une beauté symétrique,  des cheveux qui se mettent bien tout seul, un regard électrique, un sourire ravageur, le tout avec l’allure d’un animal sexy. Oulala, il faut quand même que j’arrive à aligner plus de deux phrases sans bégayer moi. Finalement, on décide d’aller au Wood à trois. Didier nous prend en voiture, Je me mets à l’avant et Nicolas à l’arrière. Je reste de biais pour le regarder. Là-dessus, il parle de ses enfants. Il en a 4. C’est fou, j’ai toujours pensé que les gens qui avaient 4 enfants n’étaient ni beaux, ni marrants, ni branchés, ni entrain de sortir s’éclater en boite avec de parfaits inconnus. Car ils n’ont pas le temps. Ils sont juste des parents et ça, ça n’a rien de sexy. Bon, c’est une autre espèce de père alors. Genre Brad Pitt. Qui a le temps d’être un amant et un mec sublime en dehors de ses nombreux enfants. Là encore, je ne me pose pas la question de la femme. Trop embuée d’alcool. Trop naïve. Plus l’habitude des rencontres. Avant David, j’avais 28 ans et les mecs étaient célibataires. Après David, j’en ai 38 et les mecs ont 4 enfants. C’est déjà beaucoup pour une première.
Il nous demande si nous aussi on a des enfants. Didier en a 2 et moi aussi. Standard. Normal. Je me vois déjà moi et mes deux enfants avec Nicolas Delahousse et ses quatre enfants. Il faudra prendre un mini bus si on part en vacances. Ou une caravane high tech tout en acier. Arriver à faire l’amour à l’abri de tous es regards. Mmmmhhh.
On arrive au Wood, niché au fond d’un petit bois. On arrive au bar, on commande la même chose, une vodka tonic, on se regarde, c’est trop bon comme j’ai envie de le manger tout cru, cette sensation d’être présente au moment, d’être vivante. Ce que je ressens n’a pas de prix, ou plutôt si, celui de mon divorce. C’est pour retrouver exactement ce genre de sensation que j’ai quitté mon mari.
Il me demande narquois si je suis remise qu’il a 4 enfants. Je souris. J’ai pas peur, j’ai toujours été inconsciente. C’est là qu’il m’annonce qu’il a une femme en plus. En rajoutant qu’il n’a pas voulu me faire croire autre chose. Merde. Je sais. C’est moi qui me suis faite le manège enchanté toute seule.
- “Tu veux toujours m’embrasser maintenant?”
- “Oui” est la seule réponse possible à ce que je ressens.
Il me prend par la main, on sort du Wood, on trouve un petit coin avec un banc. On est debout, face à face. Il me prend la tête entre ses mains. Comme dans les films. Il m’embrasse et tout s’embrase. Ses baisers sont doux. Il sent bon. Je ne savais pas qu’un homme pouvait sentir aussi bon. Aventus de Creed. Le parfum de Nicolas. A jamais.  Je suis tombé amoureuse tout de suite.
- “Tu es tout à fait mon style de femme. Féminine et fragile”.
Je mets ma main sous sa chemise. Mmmmhhh. Il a des poils. Belle toison. Bel homme. Il me relève la tête. M’embrasse encore et encore. Nicolas merci! Merci de me ressusciter.

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  • La vie en rose, c'est pour voir le bon côté des choses... Après, il s'agit plus de la vraie vie qui surprend, qui déroute, qui peut faire mal. Même si le beau temps succède souvent à la tempête.
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